Bruno Lagarrigue

Quelques manuscrits

Les vestiges des archives de Jean Xavier Napoléon Vidal contiennent des papiers personnels du poète relatifs à la gestion de ses affaires, mais aussi d'anciens documents de famille tels que des actes d'achats immobiliers ou des actes sous-seing privé.
Nous en avons transcrit quelques-uns, notamment d'anciens actes de vente rédigés sur parchemin. La transcription de ces documents exigeait quelques connaissances paléographiques indispensables que j'ai eu la chance de pouvoir acquérir à Nimègue en 1990 grâce aux cours stimulants dispensés par le Dr A.E.M. Janssen. Il demeure que la paléographie demande une pratique régulière. Comme je n'ai pas encore assez d'expérience en la matière, des blancs (marqués par des 'xxxx') demeurent dans le documents difficiles à lire. L'assistance d'autres spécialistes plus habiles que moi pourront peut-être suppléer un jour à mes lacunes.

Quoi qu'il en soit, il demeure toujours plus agréable de pouvoir rapidement prendre connaissance du contenu des originaux par le moyen des transcriptions, même si quelques difficultés ne sont pas encore résolues. Certaines de ces transcriptions sont d'ailleurs déjà présentées dans les sources consultables de la généalogie du poète dans le format Hérédis ou Oxy-Gen. Cette page permet toutefois d'avoir une impression générale de ces documents originaux que nous donnons ici à la suite les uns des autres en ordre chronologique croissant. Un clic sur chaque photo de manuscrit permet d'en consulter une version de plus haute résolution à condition de disposer du logiciel Acrobat reader (à télécharger gratuitement ici)

 

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Voici un document sur velin probablement rédigé après 1647, date à laquelle Jacques de Montrouge fut nommé évêque de Saint-Flour. Il s'agit de la survivance de l'office de greffier civil et criminel de Saint-Flour accordée à Claude Fabry, qui succède ainsi à son père Claude. Nous en donnons les images du recto et du verso puis la transcription.

recto

verso


 

Survivance de l’office de greffier civil et criminel de Saint-Flour [1647] pour Claude FABRY, fils

Archives de Jean Xavier Napoléon VIDAL[1]

 

Jacques de Mon[t]rouge[2] évesque et seigneur de Sainct Flour con[seill]er du Roy en ses conseils ausmonier et prédicateur ordinaire /
de la Reyne à tous ceulx qui verront ces p[rése]ntes salut. Sçavoir faisons que ayant veu les provisions accordées à Mr /
Claude Fabry notaire royal du greffe civil et criminel en la justice ordinaire de no[tr]e ville faulxbourg et territoire /
d’icelle ensemble de la bouticque en laquelle l’exercice dud[it] greffe accoustume s’exercer par le feu seigneur de Noailhes[3] /
vivant evesque et seigneur dud[it] Sainct Flour le septiesme ju[i]ng mil six cens trente, avons, attendu la fidellité /
capacité et esperiance dudict Fabry icelles provisions confirmées et confirmons, et de plus ayant esguard /
aux services continuels qu’il nous a rendus pour l’aucmanta[ti]on des revenus de no[tr]e evesché, remmirsion en nos /
mains de plusieurs tiltres et papiers avec lesquels il a reffaict à ses frais les terriers des villaiges de Pragros /
et Sebeughol en la parr[oiss]e d’Andellat de la rente desquels villaiges par le moyen de son travail nous /
jouyssons à p[rése]nt paysiblement et encore de plusieurs autres revenus desquels l’évêsché n’avoict jouy /
despuict longues années, le tout ayant esté réuny à lad[ite] évesche pour son industrie, avons encores /
accordé et accordons pour les causes cy dessus la survivance dud[it] office de greffier civil et criminel à proffict de Mr /
Claude Fabry jeune son fils, de la fidélité et espériance duquel sommes aussy certains pour jouyr par led[it] Fabry /
fils dud[it] office après le déceds de sond[it] père tout ainsin et de mesme que sond[it] père et autres ses prédécesseurs /
en ont cy devant jouy, si mandons à not[re] juge son lieutenent et autres nos officiers mettre led[it] Fabry fils après le /
déceds de son[dit] père en la réelle actuelle et corporelle pocession dud[it] office de greffier civil et criminel et de ladicte /
bouticque, le serem[ent] d’icelluy en tel cas requis et accoustumé préalablem[ent] receu en faisant inhibition et deffance /
à tous en général de le troubler en l’exercice dud[it] office et jouyssance de lad[ite] bouticque. De ce faire luy donnons /
pouvoir, en foy de ce avons signé ces p[rése]ntes, faict mectre à sceller not[re] scel et nos armes à contre signer /
à not[re] secrétaire  aud[it] St Flour le [ ?, entre 1647 et 1664 ] /
 

[description matérielle de l’original :
parchemin de 38cm x 18cm ;
découpe ancienne de la bande inférieure : 28cm x 3cm  (signature et date perdues)].

 

[1] Ce document est conservé dans les archives de JXN VIDAL car Anthoinette VIDAL (1646- ? ; fille de Charles VIDAL), l’épouse de Claude FABRY fils bénéficiaire de la « survivance »,  est  la sœur du trisaëul de Jean Xavier Napoléon VIDAL.

[2]  Jacques de Montrouge, décédé le 20 avril 1664, docteur de Sorbonne, aumônier et prédicateur de la reine. Il est évêque de Saint-Flour de 1647 à 1664

[3]  Charles de Noailles, né à Monvert en 1589 et décédé à Rodez en 1648. Il est évêque de Saint-Flour de 1610 à 1647 avant d’être nommé évêque de Rodez de 1646 à 1648.

 

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Voici un "bail à cheptel", contrat datant du 7 février 1718 par lequel Vital RIEU de Roffiat cède à "demy perte et profit" à Jacques POUDEROUX de Saint-Flour, la co-propriété d'une vache pour la somme de 19 livres. Ce document a curieusement été conservé dans les Vestiges des archives de Jean Xavier Napoléon VIDAL, alors que nous n'avons pas établi de parenté entre la famille VIDAL et celle de RIEU ou de POUDEROUX.

 recto

 
verso


 

7 fév[rie]r 1718

 

Je soubz[ig]né Vital Rieu marchand
habitant du village de Mons parroisse
de Roffiat ay donné et donné à chaptel[1]
à demy perte et profit une vache à
poil noir de l'âge d'environ onze ou
douze ans à Jacques Pouderoux aussy
marchand habitant du Thuille de S[ain]t
Flour moyennant le prix et somme
de dix neuf Livres, laquelle somme
j'ay receue dud[it] Pouderoux et promets
de ne point vandre lad[ite] vache ny
le cru qui en proviendra atandu
qu'elle est plaine et la retiens pour
cella ; comme je promets de venir à partage
quand bon semblera aud[it] Pouderoux,
fait et aprouvé led[it] Chaptel quoy
que escrit d'autre main pour servir
aud[it] Pouderoux à S[ain]t Flour le septiesme
février mil sept cent dix huit.
 

            Catel                         Pour ce dessus             Rieu

 

Pour servir audit Poudero[ux]

 

[/] verso

["Chapteil
Vital Rieu de Mons
d'une vache du
prix de XIX ll du
7 février 1718" ]

 

[1] Le bail à cheptel est un contrat par lequel l'une des parties donne à l'autre un fonds de bétail pour le garder, le nourrir et le soigner, sous les conditions convenues entre elles.

Voici un document qui nous a semblé intéressant puisqu'il s'agit d'un testament fait à vive voix en place publique à Narnhac en 1650. Il s'est retrouvé dans les Vestiges des archives de Jean Xavier Napoléon Vidal. Il est toutefois possible qu'il provienne des papiers Bory dont la famille est originaire de Narnhac. Nous en donnons ci-dessous les 4 images de l'original ainsi que la transcription (encore incomplète) que nous proposons.

ff. 4v-1r

ff.1v-4r


 

ff. 3v-2r


 

ff. 2v-3r

 

Vestiges des Archives de Jean Xavier Napoléon VIDAL
Testament nuneupatif[1] de Pierre AUZOLLE

 

f° 1r
            16 octobre 1650, Narnhac, place publique.
 

L’an mil six cent cinquante et le seizième/
jour du mois d’octoubre au lieu de Narnhac et place/
publicque d’icelluy après midy, feust présan[t]/
estably en sa personne Pierre Auzolle du vil[lag]e/
de la Serre parr[oiss]e de Narnhac. Lequel ayant/
intemption fère vouiaige au Rouyaulme d’Yspaigne/
craignhan[t] d’y estre surprinct de mort comme/
n’y ayant rien de plus certain, ny de plus/
incertain que l’heure d’icelle, et pou[r] efvicter a/
tirer procés & différandz qu’entre ses proches/
puvera et avenir pourroict arriver pour raison de son bien l ad [=à] Auzolle/
testateur de son bon gré et voullonté a faict/
conduict et ordonné son dernier testament/
nuneupatif, disposition & ordonnance de/
dernière voullonté en la forme et manière/
que s’ensuict. Premièrement, c’est muniy/
du signe de la saincte Croix † en disan[t]/
au nom du père du fils et du bennict S[ain]t Exprict/
amen, recommandan[t] son âme à dieu, le père/
tout puissant, le prian[t] que par le/
méritte [de la] passion de son fils Jésus Christ/
il le veulyie rayunire à son S[ain]t siège et paradis/
et veut qu’en ce cas[?] il serait surprinct de/
mort pendan[t] le présan[t] vouiaige qu’il/
préthend fère en ce cas[?] veut que son corps/
soict pourté et encepvely dans le cimetière de la/
plus proche église où il sera décédé et ses/
honneurs funèbres, obsèques et funérailhes/
[/] f° 1v

veut que soien[t] faictes et célébrées dans l’église/
paroicyelle dud[i]t Narnhac par la pleine/
comm[un]aulté de lad[ite] parroi[ss]e et pour icelles s’en/
remet totallement à la discreption de son/
héritière verer nomm[ée] et tien[t] à led[it] testatere/
donné et légué à messieur le curé et p[rê]tre/
de lad[ite] parr[oiss]e ceulx qui son[t] de présan[t] en place/
par l’advenir la somme de quinze livres t[ournoi]z/
pour une fondaction qu’il faict à lad[ite] églize/
parroicielle dud[it] Narnhac de deux messes une/
haulte de Nostre Dame avec diacre et souls/
diacre et l’autre basse de mortuaire que lesd[its]/
p[rê]tres seron[t] tenu dire et célébrer par tous temps/
advenir pour l’âme dud[it] testatere paiable lad[ite]/
somme à la voullonté et roigne desd[its] p[rê]tres par/
sond[it] gré cohéritièrs bien nommé, et la/
quelle il a en demeur[e], puict icelui service sera/
tenu faire ung chascuing an et chascuing jour/
et feste St Jean Baptiste ung sol par l’an/
pour les apports d’icelui sacre divin du/
prin[cip]al pour le divin service que lesdits/
pr[êt]res et communauté seron[t] tenus fere en lad[ite]/
esglize pour l’âme dud[it] testataire et an fere/
et oblige n’ypothéq[ué] ni tenir et sufrirxxx/
son bien ÿ hay[?] a led[it] testatere donné et legué/
à Anthoine Auzolle son père, à Jeanne Mouspain[?]/
sa nièce, à Jean Auzolle son frère, Beatric[e]/
Marie Auzolle sa ten[te], chascuing/
d’eux la somme de cinq sols et paiable à ung/
[/] f° 2r

chascuing d’eux ung an après son déceds et ann[on?]ce/
les heritiez et testattere de tous et chascuing ses/
autres biens veut qu’ils ne y puissent rien plus/
avoir quereles ny demandes par l’advenir ny/
jugement ny dechirem[en]t tan, led[it] testateire/
donné et légué à tout autre prestheur au devict/
et lesditz biens à en aseure deux semblables somme/
de deux cinq sols et paiable comme dessus annoncé ÿ/
et par ce qu’en le chef et fondemen[t] d’ung/
chascuing testamen[t] est de instituer héritier/
ou héritière à ceste cause. Led[it] Auzolle testateire/
acgré que dessus a faicte et institue/
et de sa propre bouche nomme son héritière/
générale et universelle en tout et chascuing/
ses autres biens quelconcques meubles immeubles,/
présante et nommée Anthoinette Bertrand/
sa femme à la charge de luy fere fere son/
honneur funèbre puict tous et chascuings les/
legues susd[its] ensemble tous et chascuings les/
debtes dud[it] testatere sy print en et à la/
charge aussi de rendre lad[ite] héridité à/
Anthoine Auzolle son fils lég[iti]me et naturel/
lore qu’il sera d’eaige parfaict pour regir en/
gxxxne son bien et au [cas] que led[it] Auzolle/
fils viendreret à décéder, en bais eaige sera/
tester cy disposer desditz biens que porte/
led[it] Auzolle testatere faict son héritière/
généralle et universelle lad[ite] Bertrand sa/
femme. Cassant renvoyuant et annulan[t]/
[/] f° 2v

Tout autre testament codiscile ou donnation qu’il/
pourroict avoir sy devant faictes & veut que/
le présan[t] soict base vallable, fait passé en/
présance de Mr. Pierre Vallette p[rê]tre, Mr. Jean/
Vallette jadis reyceveur des rolles dud[it] Narnhac,/
Pierre Phin[i]ard natif du vill[ag]e d’Estele[?] parr[oiss]e de/
Thiegne d’Encevrau[?] à présan[t] au vill[ag]e de la Serre,/
Mr. Pierre Peti[t] p[rê]tre vicaire dud[i]t Narnhac./
Soub[sig]né avec moy, et de Jean Vidal mareilly[?],/
Jean Bauval, Cristin Jensac et Anthoine Dervier/
dud[i]t Narnhac qui avec led[it] testatere n’ont/
sçu signer de ce requis./


                                                 M. Vallette
            Petit Vicaire                                    Vallette
                                    Phiniard
 

            Beluge  no[tai]re Royal [2]

                                        & con[trol]eur

 


[1] Un testament nuncupatif ou nuneupatif est un testament fait de vive voix et devant témoins.

[2]  BELUGE exerça à Saint-Martin-sous-Vigouroux. Ses minutes conservées aux Archives départementales du Cantal à Aurillac (3 E 257/374) couvrent les années 1642 à 1663 (cf. IUNG, Jean-Eric, État général des fonds notariaux. Tout département sauf aurillac et environs ([1450]-1936), Aurillac, 2003).

 

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Photos défilant en tête de page :

1 - La Chassagne, à Pierrefort (Cantal, France). Cette propriété qu'occupa irrégulièrement le député Armand Bory jusqu'à sa mort en 1931, demeura longtemps inhabitée. C'est lors du grand nettoyage qu'entreprit au printemps 1998 le nouvel acquéreur, le Drs Geert Yann Wolfs, que fut mis de côté le fatras de papiers qui se trouvait dans les communs humides du château. Cet amas fut soigneusement dépouillé par le Dr Bruno Lagarrigue en 2001. Il y découvrit les poésies romantiques du poète sanflorain Jean Xavier Napoléon Vidal. Cf. Lagarrigue, Bruno, Soupirs d'amours, oeuvre romantique inédite du sanflorain Jean Xavier Napoléon Vidal (1804-1878), Éditions MFI, Nijmegen (NL), 2014, 496 pages, pp. 14-15, (crédit photo : Romain Billot, écrivain de Brezons, 2014).

2 - "Le siège de Paris. Intérieur d'une cantine nationale. (Types d'après nature de M. Vierge)." gravé par Amédée Daudenarde (18..?-1907), Le Monde Illustré, 14e année, n° 711 du 26 novembre 1870, p. 315, (crédit photo: B.P.L. Lagarrigue, 2014).

3 - "La Marseillaise, dans les cafés-concerts des Champs-Élysées", dessin de M. Frédéric Théodore Lix (1830-1897) et gravure par M. Amédée Daudenarde (18..?-1907), Le Monde illustré, journal hebdomadaire, 14e année, n° 694, 30 juillet 1870, p. 68, (crédit photo : B.P.L. Lagarrigue, 2014).